Une question éthique à propos des livres électroniques (ebooks)

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Cette page est une traduction de la page An ethical question involving ebooks, par Ted Ts'o, Le 29 novembre 2008 dans les catégories Droits d'auteur, méditations, Science fiction


J'ai acheté récemment une nouvelle chez Fictionwise, sans DRMs, ce qui m'a permis de l'encoder de manière à pouvoir la lire sur mon eReader Sony. Grâce à cette nouvelle, j'ai pu découvrir un auteur et un personnage que j'ai trouvé passionnants. Lorsque j'ai cherché des informations sur le personnage, j'ai découvert que l'auteur avait écrit il y a quelques années deux autres nouvelles et trois romans avec ce personnage, mais qu'elle avait arrêté depuis. Par ailleurs, les romans étaient épuisés, et seuls des exemplaires d'occasions sont disponibles sur amazon.com.


Malheureusement, je voyage beaucoup. Par conséquent, il n'y a que lors de mes déplacements que j'ai le temps de lire. Et je déteste particulièrement avoir à m'encombrer de mes romans favoris en version "bois mort" ; ils sont beaucoup trop lourds et prennent trop de place dans mes bagages à main. Manque de chance, ces romans épuisés étaient publiées par un éditeur de type Néanderthal qui n'a jamais proposé de versions électroniques de ses livres, avec ou sans DRMs. De mauvaise humeur, j'ai cherché sur internet et trouvé les trois romans en téléchargement gratuit, sans autorisation de l'éditeur bien sûr.


Dois-je les télécharger et les mettre dans un format lisible sur mon eReader Sony? Si j'en crois Russell Davis, ex-président comité des droits d'auteur SFWA (et maintenant président de l'association des écrivains de science fiction), une contrefaçon électronique, c'est du vol. D'un point de vue légal, je suppose que c'est vrai. Et compte tenu du fait qu'en tant que programmeur Open Source le droit d'auteur m'assure que mes volontés d'auteur sont respectés, il serait hypocrite de ma part de penser que je devrais pouvoir ignorer les lois qui protègent le droit d'auteur juste parce que cela ne m'arrange pas.


Et pourtant… Du point de vue moral, qui est perdant ? L'argument défendu par Russel Davis est que la transgression est mauvaise parce qu'elle nuit aux auteurs et à leurs œuvres. Jerry Pournelle a déclaré indigné que le piratage électronique va à l'encontre d'une «injonction biblique spécifique (et très sévère) qui défend de voler la veuve et l'orphelin.» Bien sûr, dans notre cas, l'auteur est toujours vivant (et de sexe féminin, bien que que voler un veuf est probablement aussi mal).


Considérant, de plus, que l'auteur a publiquement déclaré qu'elle n'avait plus l'intention d'écrire d'autres livres avec ce personnage (puisque certains lecteurs psychotiques lui ont envoyé des menaces de mort suite à la lecture des livres), l'éditeur a peu de chance de ré-éditer lesdits romans — qui plus est, si j'achète des versions d'occasion de ces livres faits de bois mort, l'auteur ne percevra aucune royaltie. Alors, dans ce cas, où se trouve la limite incontestable entre ce qui est moral et ce qui ne l'est pas ?


  • Dois-je acheter une version d'occasion des ces romans faits de bois mort, les transporter avec moi, ce qui va me gêner plus qu'autre chose, causant d'autant plus d'émissions de CO2 en les trimballant avec moi et dans les avions (à cause du poids supplémentaire), ce qui serait la seule façon de respecter la loi ? Par ailleurs, dois-je montrer l'exemple aux jeunes générations, plus négligentes vis à vis du droit d'auteur, comme le font les automobilistes qui d'habitude ne respectent pas le dictat des limitations de vitesse ? (beaucoup de gens affirment que l'état de la législation concernant la musique les livres numériques et le droit d'auteur est mauvais, et que ça incite les gens à ne pas respecter la loi — Si on suit ce raisonnement, quelle est la prochaine étape ? On torturera des prisonniers à Guantanamo au mépris des lois ? Oh, zut… trop tard…)
  • Dois-je acheter une version faite de bois mort du roman, démonter la reliure et passer les pages au scanner et à un programme de reconnaissance de caractères, puis passer des heures pour le convertir au format .LRF de façon à pouvoir le lire sur mon Sony eReader ? Est ce que ce sera considéré comme du <<fair use>> ?
  • Et si j'achetais une version d'occasion du roman, version bois mort, mais que, pour économiser le temps et l'effort du scan des page et de la correction de la reconnaissance optique, je téléchargeais une version contrefaite et la convertissais au format .LRF pour l'apprécier sur mon eReader?
  • Et si je n'achète pas le livre d'occasion, que je télécharge la version électronique contrefaite, et que j'envoie de l'argent à l'auteur (de façon à ne pas pouvoir être identifié) de la même somme que le prix que j'aurais payé le bois mort avec le même texte imprimé dessus, avec une lettre expliquant pourquoi elle recevait ce chèque ?
  • Et si je me contentais de télécharger la version numérique non autorisée, avec comme justification le fait que personne ne serait lésé par mon téléchargement et ma lecture; après tout, ces œuvres n'étant sont plus disponibles chez les libraires en version neuve, l'auteur ne percevrait aucune royaltie.


À certains moments de cette discussion, nous avons traversé la ligne qui sépare le côté clair et le côté obscur. Considérant que l'attitude néanderthalienne ainsi que les pratiques commerciales de l'éditeur impliqué a rendu impossible pour moi de respecter la loi tout en prenant du plaisir à lire les romans et de rémunérer l'auteur — que pensez-vous qu'il soit moralement correct de faire ?


Et pourquoi ? Et si ça ne vous dérange pas de le dire publiquement, j'aimerais savoir de de quelle génération vous êtes (par ex: Baby boomer, Gen X, Gen Y etc .) ? Je serais curieux de savoir dans quelle mesure les attitudes adoptées varient suivant l'âge et si le comportement des étudiants diffère de ceux qui peuvent se souvenir d'une époque où l'Internet n'existait pas…