Sarkozy contre la jungle du net

De La Quadrature du Net
Révision datée du 3 février 2009 à 13:00 par Patrick (discussion | contributions) ("Je n’ai pas été élu pour laisser voler au supermarché !")
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Contre la "jungle" du net, Sarkozy promet la loi HADOPI dès mars http://www.PCInpact.com/actu/news/48822-nicolas-sarkozy-HADOPI-creation-internet.htm lundi 02 février 2009

Peut-on voir la signature des lobbyistes qui entourent le Président de la République dans ses propos rapportés par PCInpact ?

Il y a des choses intéressantes dans les propos de Nicolas Sarkozy rapportés par PCInpact.

"Mais si naturellement il existe des créateurs qui veulent mettre en ligne leurs œuvres à titre gratuit sur la toile… qu’ils le fassent ! Je ne vois aucune objection à cela !".

  • - D'une part il reconnaît des modes de distribution alternatifs.
  • - D'autre part les seules alternatives qu'il connaît sont HADOPI(payant) ou gratuit(offert donc).

Or les modèles qui s'opposent à HADOPI dépassent largement le "gratuit". Car HADOPI exclue tous les autres modes de création, qu'ils soient payants ou pas.

"Je n’ai pas été élu pour laisser voler au supermarché !"

Est sur ce point révélateur, car Internet permet de dépasser ces modes de distribution, qu'il démontre ignorer en parlant de supermarché.

Rappelons si besoin est, (mais cela nous étonne de devoir le rappeler sachant que même nos opposants n'utilisent plus ces arguments) qu'effectuer une copie d'un CD ou d'un film n'a rien à voir avec voler quelque chose dans un supermarché, puisque le vol est une opération consistant à enlever à quelqu'un un bien excluable (il n'en a plus l'usage) alors que la copie dans l'immatériel n'en prive personne...

"Je pensais ça avant les élections et… voyez-vous comme c’est curieux : je le pense après"

Montre qu'il n'a :

  • pas évolué,
  • pas tenu compte de débats (ou que les débats n'ont servi à rien éclaircir).

Sa vision : "Internet pourra devenir enfin un fantastique lieu de création et d'échange"

TODO : trouver l'origine de cet argument, chez les utilisateurs et les défenseurs des libertés sur internet.

Ses craintes : "une jungle sauvage où il serait permis de piller les œuvres des créateurs"

TODO : trouver l'origine de cet argument, chez les lobbies de l'indrustrie du divertissement.

"Je veux vaincre la pensée unique, le sectarisme, les sectes qui voudraient vous inscrire tous dans des petits milieux alors que la culture doit rayonner pour tous"

(lagazettedescommunes) HADOPI sera exactement le contraire, banissant tous les créateurs qui s'écarteraient du modèle dominant.

On rappelera par ailleurs que Nicolas Sarkozy fait précisément partie de ces "petits milieux"

La création artistique est "une affaire très difficile"... "La création a besoin de liberté. Elle a besoin d'être soutenue"

(20minutes)

Alors pourquoi s'entêter à l'enfermer dans une citadelle dont seuls quelques-uns auront la clé avec HADOPI ?

"Quel manque de respect pour la jeunesse que d’imaginer que chaque œuvre a un prix, que la création doit être respectée, qu’elle appartient aussi et d’abord à celui qui l’a réalisée"

Les jeunes et les moins jeunes qui suivent le sujet pourront juger du hors-sujet et du décalage d'une telle affirmation.

Que conclure ?

Il semble donc que vu :

  • l'activisme des lobbies qui nous inondent de désinformation et sont placés au plus haut niveau de l'état (on se rappelera des propos surréalistes de M. Lefebvre),
  • la situation de crise économique, de catastrophe météorologique récente, de crise sociale qui se précise, et risque de bouleverser bien des plans du Président,
  • les autres sujets qui occupent à temps plein le Président,
  • la reprise par Nicolas Sarkozy d'arguments poussiéreux que même les lobbies n'osent plus mettre publiquement en avant (comme les supermarchés, la baguette de pain,...) dans un cadre d'économie numérique (immatériel, non excluable),
  • des arguments incompatibles comme la liberté de création et le contrôle de HADOPI

le président ait d'autres sujets autrement plus importants où s'impliquer personnellement dans l'immédiat, et se repose sur les avis de son entourage. En effet, le Président d'après Le Point aurait déclaré : "Ma parole est plus libre que celui qui produit et qui doit faire attention à ce qu'il dit (...). C'est donc à moi de donner un coup de pied dans la fourmilière, de bousculer les choses."

Le discours tenu ressemble à une caricature des discours auxquels nous ont habitués le lobby de l'industrie du divertissement, qui loin d'innover et de valoriser la force de création française, la relègue au dernier wagon, et fait mine de l'ignorer.

Ces propos semblent directement dictés par des lobbies qui ont moins de considération pour la fonction présidentielle que pour les avantages qu'ils pourraient en retirer.

Ces propos reflètent la méconnaissance du dossier (volontaire ou non), et une désinvolture pour les parties engagées (dont on pourrait citer UFC-Que-Choisir ou la Quadrature du net), qui n'est pas du niveau de l'arbitrage présidentiel.

"Je veux que ça bouge, je veux que ça change, je veux que la culture soit notre réponse à la crise économique mondiale (...) et pour que ça soit vrai, il faut que la création soit au coeur de cette politique culturelle que je souhaite impulser", a déclaré le président selon Yahoo.

Bouger oui, mais transposer l'économie matérielle à celle de l'immatériel, c'est reculer !

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